Albertine, je vais tenir ma promesse, avec quelques semaines de retard, en te disant pourquoi je déteste Bourdieu. C'est totalement subjectif au départ, et puis, par la suite, viennent quelques arguments.
Je ne sais rien de Bourdieu, je sais à peine que ce type existe, jusqu'au jour où sur Arte, en 1999 [merci Wikipedia], je le vois en compagnie de Günter Grass qui l'a invité chez lui, peu après avoir reçu le prix Nobel de Littérature. A l'époque, je ne lisais encore que très peu d'essais, mais beaucoup de romans, et j'aime "Le tambour", entre autres. Je découvre sur l'écran un type dont le nom, par sa sonorité sourde et disgracieuse, empâte mes oreilles "bourdieu" mais qui, surtout, se comporte comme un connard impoli face à son hôte allemand. On sent que ce type crève de jalousie et de rancoeur, et qu'il pense que c'est lui qui aurait dû être le nobélisé. Je ne sais rien de cet individu, parce que, pour des raisons particulières, je n'ai rien su des grèves de 1995 pendant lesquelles il a, parait-il, fait un tabac. Je n'ai donc appris que par le suite que cet abruti jouait le Sartre nouveau sur les barricades. De plus, la fac de Lettres ne représente encore, à cette période, qu'un enclôt où se concentrent les plus belles filles de la cité, mais c'est un territoire que je n'ai pas le temps, ni l'occasion de fréquenter.
J'ai ensuite pu retrouver Bourdieu face à Schneidermann, lors d'un Arrêt sur Image. Entre temps, j'en avais appris un peu plus sur le personnage, je commençais à fréquenter l'université. Cet épisode n'a fait que confirmer la piètre estime que j'avais de ce bourrin, et il était évident que ce mec souffrait terriblement d'être le guru des étudiants en sciences sociales, que les médias, à la botte du patronat, ne traitaient pas avec toute la haute considération et la déférence qu'on doit à une intelligence de cet acabit. J'ai lu ses derniers écrits "Contre-feux I & II" et "Sur la TV" que j'avais acheté et qui doivent aujourd'hui se trouver à Koweït-city parce que je les ai donné à un ami, qui maintenant enseigne le français à ses compatriotes, et se passionne pour ces problèmes ahurissants et exotiques, si typiquement franco-français. Je me souviens aussi d'avoir sorti de la BU "Ce que parler veut dire" parce qu'en rapport avec mes études en sciences du langage. Mais, je ne suis pas un exégète de l'oeuvre bourdieusienne, c'est ce que je veux souligner.
Mais ce qui fait que je ne peux, globalement, pas être d'accord avec ce mec, c'est que j'admire le travail de Foucault, que je connais mieux que celui du venimeux. Travail qui va à l'inverse des thèses de ce marxiste attardé, qui se défend d'être marxiste tout en n'arrivant pas à dépasser l'idée de classe du marxime, idée qu'il renforce à peine en imaginant un tas de sous-classes, de la musisque en passant par le sport.
Ce qui fait que maintenant, dans ce pays, on croit savoir qui tu es si tu passes tes vacances à la montagne où tu écoutes Iggy Pop tout en mangeant du mille-feuilles au café.
Ce sociologue pose un regard sur l'humanité, préalablement divisée en classes qui ont des habitudes très spécifiques, discriminées selon des critères tout à fait arbitraires - comme ceux de la division de l'humanité en races, rouge, jaune, noir, blanc. Une fois les divisions établies, les catégories construites par ces sociologues de merde, il suffirait d'examiner le contenu de ces classes, comme on examine des boites de conserve, pour dire des choses intelligentes sur l'homme.
Alors que cette classification n'a qu'un seul but : se mettre à la tête d'une de ces catégories - dans ce cas ceux qui ont été classés comme pauvres, à qui ont aura bien fait croire qu'ils sont pauvres - et tenter d'exercer son pouvoir sur les individus qui la composent. On fait se battre les opprimés avec les oppresseurs, comme on fait se battre les Hutu avec les Tusti, après avoir composé, de manière tout à fait artificielle, deux ethnies. Bourdieu est un spécialiste : il a crû pouvoir découvrir des dominés/dominants, et il en voit partout, sans qu'on arrive à comprendre comment on peut faire partie d'une catégorie ou d'une autre!
Foucault montre bien que cela ne relève que de l'imaginaire, donc largement soumis à la relativité socio-historique. C'est à dire que tout individu, mis à part le prince, se trouve à la charnière de deux mondes, dominé ou dominant, selon le contexte, la situation, le moment. Bourdieu, et ceux qui se reconnaissent dans ce genre de théories fumeuses, ne font que souffrir de complexe d'infériorité, et cherchent un tas de prétextes pour soi disant résister et combatre des choses qu'ils n'arrivent pas, en réalité, à assumer.
D'un côté Foucault, une personne douée d'une grande intelligence et fière d'elle même, un individualiste sceptique et déculpabilisé, et, de l'autre, Boudieu, un laborieux, un stakanovitch de la statistique, honteux de ses origines provinciales, qui voudrait, par vengeance, entraîner le maximum de gens dans le ressentiment et fait tout pour les dresser les uns contre les autres: tous ceux qui ne présentent pas les signes de l'égalité parfaite doivent se combattre.
Boudieu est un furieux qui donne des arguments aux frustrés "révolutionnaires", ces gens qui n'arrivent pas à trouver des ressources intellectuelles suffisantes, et donc sécurisantes, parce qu'ils ne veulent pas faire l'effort d'une réflexion et préfèrent croire que tout est de la faute de l'autre, surtout si cet autre ne leur ressemble pas à 100%.
Voilà, Albertine, je ne prétends pas ici à un discours "scientifique" pour descendre Boudieu, mais je m'appuie simplement sur mes propres perceptions face à ceux qui brandissent en étendards les textes de ce bâtard, des thèses qui puent la revanche et l'égalitarisme à plein nez.
Je ne sais rien de Bourdieu, je sais à peine que ce type existe, jusqu'au jour où sur Arte, en 1999 [merci Wikipedia], je le vois en compagnie de Günter Grass qui l'a invité chez lui, peu après avoir reçu le prix Nobel de Littérature. A l'époque, je ne lisais encore que très peu d'essais, mais beaucoup de romans, et j'aime "Le tambour", entre autres. Je découvre sur l'écran un type dont le nom, par sa sonorité sourde et disgracieuse, empâte mes oreilles "bourdieu" mais qui, surtout, se comporte comme un connard impoli face à son hôte allemand. On sent que ce type crève de jalousie et de rancoeur, et qu'il pense que c'est lui qui aurait dû être le nobélisé. Je ne sais rien de cet individu, parce que, pour des raisons particulières, je n'ai rien su des grèves de 1995 pendant lesquelles il a, parait-il, fait un tabac. Je n'ai donc appris que par le suite que cet abruti jouait le Sartre nouveau sur les barricades. De plus, la fac de Lettres ne représente encore, à cette période, qu'un enclôt où se concentrent les plus belles filles de la cité, mais c'est un territoire que je n'ai pas le temps, ni l'occasion de fréquenter.
J'ai ensuite pu retrouver Bourdieu face à Schneidermann, lors d'un Arrêt sur Image. Entre temps, j'en avais appris un peu plus sur le personnage, je commençais à fréquenter l'université. Cet épisode n'a fait que confirmer la piètre estime que j'avais de ce bourrin, et il était évident que ce mec souffrait terriblement d'être le guru des étudiants en sciences sociales, que les médias, à la botte du patronat, ne traitaient pas avec toute la haute considération et la déférence qu'on doit à une intelligence de cet acabit. J'ai lu ses derniers écrits "Contre-feux I & II" et "Sur la TV" que j'avais acheté et qui doivent aujourd'hui se trouver à Koweït-city parce que je les ai donné à un ami, qui maintenant enseigne le français à ses compatriotes, et se passionne pour ces problèmes ahurissants et exotiques, si typiquement franco-français. Je me souviens aussi d'avoir sorti de la BU "Ce que parler veut dire" parce qu'en rapport avec mes études en sciences du langage. Mais, je ne suis pas un exégète de l'oeuvre bourdieusienne, c'est ce que je veux souligner.
Mais ce qui fait que je ne peux, globalement, pas être d'accord avec ce mec, c'est que j'admire le travail de Foucault, que je connais mieux que celui du venimeux. Travail qui va à l'inverse des thèses de ce marxiste attardé, qui se défend d'être marxiste tout en n'arrivant pas à dépasser l'idée de classe du marxime, idée qu'il renforce à peine en imaginant un tas de sous-classes, de la musisque en passant par le sport.
Ce qui fait que maintenant, dans ce pays, on croit savoir qui tu es si tu passes tes vacances à la montagne où tu écoutes Iggy Pop tout en mangeant du mille-feuilles au café.
Ce sociologue pose un regard sur l'humanité, préalablement divisée en classes qui ont des habitudes très spécifiques, discriminées selon des critères tout à fait arbitraires - comme ceux de la division de l'humanité en races, rouge, jaune, noir, blanc. Une fois les divisions établies, les catégories construites par ces sociologues de merde, il suffirait d'examiner le contenu de ces classes, comme on examine des boites de conserve, pour dire des choses intelligentes sur l'homme.
Alors que cette classification n'a qu'un seul but : se mettre à la tête d'une de ces catégories - dans ce cas ceux qui ont été classés comme pauvres, à qui ont aura bien fait croire qu'ils sont pauvres - et tenter d'exercer son pouvoir sur les individus qui la composent. On fait se battre les opprimés avec les oppresseurs, comme on fait se battre les Hutu avec les Tusti, après avoir composé, de manière tout à fait artificielle, deux ethnies. Bourdieu est un spécialiste : il a crû pouvoir découvrir des dominés/dominants, et il en voit partout, sans qu'on arrive à comprendre comment on peut faire partie d'une catégorie ou d'une autre!
Foucault montre bien que cela ne relève que de l'imaginaire, donc largement soumis à la relativité socio-historique. C'est à dire que tout individu, mis à part le prince, se trouve à la charnière de deux mondes, dominé ou dominant, selon le contexte, la situation, le moment. Bourdieu, et ceux qui se reconnaissent dans ce genre de théories fumeuses, ne font que souffrir de complexe d'infériorité, et cherchent un tas de prétextes pour soi disant résister et combatre des choses qu'ils n'arrivent pas, en réalité, à assumer.
D'un côté Foucault, une personne douée d'une grande intelligence et fière d'elle même, un individualiste sceptique et déculpabilisé, et, de l'autre, Boudieu, un laborieux, un stakanovitch de la statistique, honteux de ses origines provinciales, qui voudrait, par vengeance, entraîner le maximum de gens dans le ressentiment et fait tout pour les dresser les uns contre les autres: tous ceux qui ne présentent pas les signes de l'égalité parfaite doivent se combattre.
Boudieu est un furieux qui donne des arguments aux frustrés "révolutionnaires", ces gens qui n'arrivent pas à trouver des ressources intellectuelles suffisantes, et donc sécurisantes, parce qu'ils ne veulent pas faire l'effort d'une réflexion et préfèrent croire que tout est de la faute de l'autre, surtout si cet autre ne leur ressemble pas à 100%.
Voilà, Albertine, je ne prétends pas ici à un discours "scientifique" pour descendre Boudieu, mais je m'appuie simplement sur mes propres perceptions face à ceux qui brandissent en étendards les textes de ce bâtard, des thèses qui puent la revanche et l'égalitarisme à plein nez.
Scheiro is back! Comme toujours Scheiro te voici encore entrain de flinguer une rock star. Je ne sais pas si tu le sais mais Bourdieu est un des rares français présent dans nos manuels de SES avec JB Say, Aron et Tocqueville. Le programme de premiére de socio est grandement occupé par les textes de Bourdieu.
ReplyDeleteJe suis pas un expret de Bourdieu mais je trouve que ses thèses sont très datés ça fait très fin des 30 glorieuses.
Eh bien ! Merci pour cette réponse Scheiro :-) !
ReplyDeleteEn revanche, je demande un délai (indéterminé) de réponse qui, je l'espère, sera accordé ;-)...
Tu as raison Evret, je ne peux pas m'empêcher de déboulonner les idoles les plus en vogue. En réalité je ne déboulonne pas grand chose, car je ne peux pas endiguer le flot de la doxa, même avec les quelques rares soutiens qui me sont gentiment accordés. Mais ça me fait plaisir, ça me donne du grain à moudre, ça me permet de noircir des pages de blog avec du "Trebuchet MS", jolie police de caractères.
ReplyDeleteJ'ai passé un bac B, mais je ne gardais aucun souvenir de JB Say. Je viens de jeter un coup d'oeil sur sa biographie. JB Say est un libéral, la figure du Diable, non ?
C'est vrai, Evret, la fin des 30 glorieuses, c'est à des années lumières ! Rend toi compte qu'à cette époque, ils ne pouvaient même pas se représenter le Net et même pas imaginer l'utilisation d'un iPhone. Je pense que Bourdieu a tout juste entendu parler du Minitel [rose, forcément], le pauvre ;-) Pas trop gavé d'oeufs en chocolat, camarade ?
Aucun ultimatum n'est fixé, Albertine. Tu peux prendre le temps qui te conviendras.
ReplyDeleteDe mon côté je suis en train de lire - après un copier/coller - tes deux derniers billets, très enrichissants. A bientôt...
Merci pour l'accord de délai Scheiro !
ReplyDelete(Pour ce qui est de mes derniers billets, en revanche, je ne crois vraiment pas qu'ils méritent un copier / coller, mais bon... merci pour l'appréciation en tous cas :-) !)
PS : Qu'est-ce qu'un bac B ?
Années 70:
ReplyDeleteA - bac littéraire
B - bac sciences économiques
C - bac maths - physiques
D - bac sciences naturelles
E - bac technique
Parmi ces catégories qqs subdivisions en A1, A2 ... etc.
La vie était très rude en ce temps là, Albertine ;-)
Jean Baptiste est un classique c'est celui qui a vulgarisé en français Adam Smith le papa des économistes.
ReplyDeleteBourdieu a parlé un peu d'internet je crois, il a écrit jusqu'à la fin de sa vie en 2003 je crois. Et oui Scheiro les 30 glorieuses ça date... :p