Thursday, April 24, 2008

Interruption temporaire

J'arrête le blogging pour quelques jours, car je suis de trop mauvaise humeur en ce moment. Aussi, je passe plus de temps à régler des comptes, à m'occuper de broutilles, qu'à produire un billet un tant soit peu intéressant. Ce ne sera peut-être pas mon dernier mot, pour aujourd'hui, mais dorénavant vous pouvez blogguer en paix, car il y a peu de risque que je vienne signifier mes désaccords sur votre territoire.
Comme mes sautes d'humeurs sont généralement de courte durée, je serais probablement de retour très rapidement.
Hasta pronto !

7 comments:

  1. Oh, si, moi je veux que tu viennes "manifester tes désaccords" ! Pourquoi les blogs sinon ?

    Par ailleurs, sur la question du territoire, j'avoue avoir moi-même un peu versé dedans sans m'en rendre compte en parlant, par exemple, de "chez x" ou "chez y" (par quoi j'introduis d'ailleurs mes liens...). Je trouve la critique que tu en fais et sur l'idée de "propriété" à propos des blogs pertinente, l'anologie avec le carrefour aussi.
    Par contre, je ne vois pas bien l'idée de "liberté d'expression" que tu défends ici et que les blogs permettraient d'exercer de manière privilégiée. Si "liberté d'expression" signifie en effet le fait de pouvoir dire ce que l'on veut, de "s'exprimer" à tort et à travers, ça me paraît aussi impossible sur un blog qu'ailleurs, en ce sens que, de toute façon, on ne pense pas (jamais) "ce que l'on veut me semble-t-il...

    Pénible, pénible, je sais :-D....

    Bonne journée Scheiro et à bientôt donc !

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  2. (Mince, pardon, juste quelques mots parce que j'ai omis de cocher la case "follow up")...

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  3. Je ne sais pas ce que Scheiro entend précisément par liberté d'expression, mais pour ma part, j'ai l'impression que le blog pourrait ouvrir cette possibilité, qu'Agamben entrevoit dans la post-modernité, de fonder une communauté sur la seule transcendance (ou négativité) inhérente au langage. Je veux dire par là que dans la mesure où le blogging permet de faire abstraction des questions identitaires (et comme tu le dis, de s'en remettre au seul discours, au discours pur), il permet aussi d'ouvrir un ordre des "singularités quelconques" fondé non plus sur l'imaginaire (stratégies appropriantes du pouvoir permises par le règne de l'identitaire et du narcissisme) mais sur du symbolique pur.
    Cela fait écho pour moi à ces propositions émises dans "la communauté qui vient" selon lesquelles la chute des identités particulières dans la post-modernité, la dissolution des classes et l'installation d'une petite bourgeoisie planétaire, telles qu'elles se font jour dans le phénomène de mondialisation contemporain, pourraient dévoiler à l'homme moderne l'opportunité inédite d'une fondation communautaire à partir de la seule transcendance, ou négativité, inhérente au logos - comme au topos d'ailleurs, soit la possibilité d 'une communauté véritablement désoeuvrée, « où le mode d'existence de la puissance ne s'épuise[rait] pas dans l'acte. » La modernité recélant en elle-même cette « possibilité d'une appropriation de l'impropriété comme telle ».
    Car si la politique contemporaine implique un « experimentum linguae dévastant, qui sur toute la planète désarticule et vide traditions et croyances, idéologies et religions, identités et communautés », elle recèle également cette possibilité que « seuls ceux qui parviendront à l'accomplir jusqu'au bout, sans permettre à ce qui révèle de rester voilé dans le rien qu'il dévoile, mais en amenant au langage le langage même, seront les premiers citoyens d'une communauté sans présupposés ni état, où le pouvoir annihilant et déterminant de ce qui est commun sera pacifié. »
    Pour autant, je crois que cette communauté est encore bien loin de venir :-), pour autant qu'on observe, sur les blogs notamment, les phénomènes exactement inverses : où les reflexes communautaires et identitaires prennent largement le pas sur l'exposition des singularités (diffusion des discours stéréotypés de masse, tentatives de prise de pouvoir, omiprésence de l'identitaire : tentations permanentes de ramener le discours à un positionnement de type droite-gauche par exemple, ou plus généralement à quelques catégories prédéfinies)

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  4. Oups ! Merci beaucoup pour cette intéressante détermination de la liberté discursive internétienne BBL ainsi que pour le nouveau commentaire sur "l'image" que je viens de découvrir (mais pas encore de lire) :-) !
    Je me rends compte que je commence à accumuler les retards dans mes réponses... Je te prie de m'excuser, je ne pourrais pas, je crois, le réduire tout à fait aujourd'hui (d'autant que tu dis beaucoup et qu'il m'est difficile de répondre rapidement : il me faut un peu de temps, je suis assez longue à écrire...)

    Je reviendrai donc, merci et à bientôt :-D !

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  5. Très intéressant ! Vous me donnez envie de lire Agamben tous les deux :-)) !

    Cependant, je réponds sans doute un peu à côté, mais je me demande finalement si cette idée des discours purs n'a pas quelque chose de quelque peu illusoire… Non pas qu'un discours et une discussion "à peu près rationnelle" ne puissent avoir lieu, mais parce qu'il est tout de même finalement consubstantiel au discours qu'on s'y "implique" personnellement d'une manière ou d'une autre et il y a sans doute toujours ici quelque chose effectivement de l'identité et de très affectif aussi qui est en jeu. Après, je suis parfaitement d'accord avec ce que tu pouvais dire par ailleurs BBL et qui est ici aussi présent que tout dépend de la nature et de la modalité de cette "implication" : Le discours est-il pour moi le "lieu" pour dire "ce que je suis" (i.e. "m'exprimer") ? Pour, comme tu le dis encore, signifier mon appartenance à tel ou tel positionnements et catégories prédéterminées ? Ou bien est-il le lieu où un "dire" se risque qui est toujours susceptible de mettre en péril ce que je crois être et ce que je crois "penser", être rupture par rapport aux positionnements "tout faits" par lesquels je crois d'abord pouvoir me définir ?

    Pouvoir se reconnaître et s'assumer dans ce que l'on dit, c'est-à-dire aussi je crois, comprendre véritablement ce que l'on dit est une très belle chose. Mais, je crois aussi que ce ne peut être sans accepter cette caractéristique du discours par laquelle le discours met en péril le petit “moi” prétendument si original que l’on croit être, qu’il y a toujours d’une certaine manière plus que ce petit moi dans ce que l’on dit, et que si le discours engage personnellement, il engage d’une manière très particulière : cette dimension du discours par laquelle, dès lors qu'on croit "s'exprimer", c'est toujours déjà en réalité le discours (et les discours "tout faits") qui parlent à travers nous. En ce sens, parler (même et précisément sur un blog d’ailleurs, justement parce que le “petit moi” est en réalité plus impuissant à se faire valoir), ce peut être aussi une expérience de l’aliénation qui peut être douloureuse lorsqu’est pointé cet écart entre ce que l’on croit être et ce qui est impliqué par ce l’on dit.

    Je relisais récemment Le Rouge et le Noir (oui, oui, je relis inlassablement presque toujours les mêmes choses, j’adore ça ;-) !) et j’étais frappée de voir qu’est placée à plusieurs reprises dans la bouche de Julien (personnage s’il en est pour lequel l’identité, l’intégrité et la “position” dans le monde vécu et décrit comme assez “terrible” par sa médiocrité de la Restauration, sont véritablement problème) l’expression : « Je sais ce que parler veut dire ». Parler, c’est toujours aussi effectivement, je crois, s’engager, se sentir “tenu” d’une manière ou d’une autre par ce que l’on dit. Mais c’est aussi l’être par rapport à un monde d’hommes où “parler” précisément, “veut dire quelque chose”, cette dimension par laquelle ce que l’on dit n’engage pas que soi (sinon ça n’aurait en réalité aucun sens : ce n’est que par rapport à du “commun” que ce l’on dit signifie) — la question étant alors corrélativement de savoir comment ce “commun” est posé et assumé.

    Bref, bref, questions passionnantes je trouve, mais très compliquées ! Je voulais simplement pointer aussi que, malgré tout, il y a toujours aussi sans doute une dimension extrêmement affective du discours, que le rapport à soi dans son intégralité et intégrité s’y joue aussi et que les blogs peuvent également, justement parce qu’ils semblent pouvoir permettre de mettre en confrontation des “discours” en faisant comme abstraction des “personnes” qui les tiennent avec leurs affects etc., être une expérience cruelle pour certains — et c’est sans doute normal, je veux dire relatif à la nature même de ce que c’est que parler “véritablement” (sur un blog ou autre).

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  6. Albertine, je souscris à toutes les restrictions que tu viens d'apporter, et avant de tenter d'y répondre, ou d'en prendre la relève, je dois d'abord dire que le rapprochement que je fais ici avec les textes d'Agamben n'est pas vraiment travaillé, c'est un simple clin d'oeil un peu facile, une ouverture peut-être, mais je ne suis pas du tout sûre que cela tienne vraiment la route.
    Je te suis complètement lorsque tu objectes que les questions identitaires sont de toute façon inhérentes au discours, et que de toute manière "parler veut bien dire quelque chose", engage donc des significations, et partant du "sens commun". En quoi on retombe ici sur cette idée que Symbolique et Imaginaire, notamment sur le plan du social, sont toujours nécessairement imbriqués. Le Symbolique pur me semble aussi une utopie (comme l'idée d'une communauté desoeuvrée : désoeuvrée la communauté l'est en ses fondements, mais le lien social implique toujours un passage par l'Imaginaire, pour symboliser le Réel et donner consistance à la réalité). En fait, je crois que c'est surtout une façon de dénoncer le fait que dans la post-modernité, ou hypermodernité, l'Imaginaire a pris le pas sur le Symbolique (c'est du moins comme ça que je l'entends, mais cette interprétation n'engage vraiment que moi).
    Aussi je concluerais provisoirement ici en soulignant ceci que la singularité suppose bien de s'engager dans la parole en prenant le risque de s'y perdre, ce qui implique encore d'accepter de se lancer toujours en avant de soi-même, et de ne pas se laisser illusionner par ses attributions moïques imaginaires (celles qui relèvent de la particularité : ou "narcissisme des petites diffèrences"), de ne pas se laisser enfermer dans les significations pré-définies, les qualifications imaginaires par l'assimilation massive desquelles on accepte finalement d'être entièrement défini par les autres...
    Et en ce qui concerne le discours philosophique, ou plus généralement universitaire, il est bien évident qu'il s'appuie aussi sur la construction d'un "sens commun" (à la communauté des chercheurs notamment) mais son enracinement symbolique vient pour moi de sa temporalité, de son ouverture infinie, de ce qu'il suppose sa Cause perdue et ne s'arrête jamais sur aucune vérité définitive.

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  7. Euh...C'est moi qui ait l'impression d'avoir répondu un peu à côté puisque je ne fais que répéter à peu près ce que tu viens de dire et ne tiens pas compte de la question : "comment assume t-on singulièrement le commun" ? :-)
    Et là je crois que tu as raison de souligner la part de l'affectif dans le procès de subjectivation : car il y a toujours une part irréductiblement singulière dans notre rapport au social et au commun, quelque chose résiste toujours à notre socialisation et participe justement (pour revenir à Mondzain) de ce qui constitue notre regard. Aussi nous n'intégrons pas tous la langue exactement de la même façon, et nous avons chacun un rapport singulier aux mots et aux constructions communes. Reste qu'une autre part doit quand-même revenir au social, dès lors que la folie procède bien de ce qui résiste à la socialisation

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