Saturday, November 29, 2008

Journaliste à Libération

Crime de lèse-journalisme

Vittorio de Filippis est journaliste à Libération, membre de la direction du journal, il a été PDG et directeur de la publication de juin à décembre 2006. Interpellé chez lui à l'aube, vendredi 28, il a été menotté, humilié, insulté devant ses enfants, selon Le Monde.

Ce prévenu découvre:
"La pièce comporte une table, un rouleau de papier hygiénique, une paillasse en béton sur laquelle sont posées deux couvertures. Dans un recoin, j’aperçois un WC. Je m’asseois sur la table pour éviter les cafards et les mites."
Je suis mort de rire : un rouleau de papier hygiénique en garde à vue ! Alléluia, ça tient du miracle ! Mais, je suis surtout abasourdi de lire que ce mec, qui est un des plus "grands" journalistes de France, découvre seulement aujourd'hui comment les choses se passent - quand elles se passent bien - dans les commissariats de France.

En réalité, je suis vraiment heureux de lire que la police s'est comportée comme elle se comporte généralement en cas d'arrestation : ce Vittorio de Filippis a été traité de la même façon qu'un citoyen ordinaire. Il a même été très bien traité, sachant que "le ton est vite monté" entre les policiers et lui, car il leur a fait remarquer qu’ils ont profité de son portail sans serrure pour pénétrer chez lui.

"Habillez-vous, on vous emmène", ont dit les flics en lui interdisant de toucher à son portable. "Je commence à m’énerver..." avoue Filippis.

Haaaaaaahahaaa!!! L'erreur !

Enfin, depuis hier, dans ce pays, on a au moins un journaliste qui sait comment se passe habituellement une garde à vue pour un individu ordinaire. Le titre, Journaliste et "pire que la racaille", démontre à quel point les journalistes du quotidien Le Monde n'en savent rien : jamais "la racaille" n'est traitée de la sorte par la police, surtout si "la racaille" en question tente de se rebeller, ou pire, si elle insulte les forces de l'ordre. Je vous laisse imaginer le tableau si "la racaille" se montre violente.

Friday, November 28, 2008

Claude Lévi-Strauss a 100 ans

Vous n'avez peut-être jamais eu l'occasion de lire un texte de Claude Lévi-Strauss. Ce soir, je veux favoriser la rencontre avec cet homme qui a tout juste 100 ans aujourd'hui. Mon admiration pour ce savant est immense. Il fait parti des auteurs dont les livres ont littéralement porté ma vie. Joyeux anniversaire, Monsieur Lévi-Strauss !
Surtout, on s'interroge : qu'est-on venu faire ici ? Dans quel espoir ? À quelle fin ? Qu'est-ce au juste qu'une enquête ethnographique ? L'exercice normal d'une profession comme les autres, avec cette seule différence que le bureau ou le laboratoire sont séparés du domicile par quelques milliers de kilomètres ? Ou la conséquence d'un choix plus radical, impliquant une mise en cause du système dans lequel on est né et où on a grandi ? J'avais quitté la France depuis bientôt cinq ans, j'avais délaissé ma carrière universitaire ; pendant ce temps, mes condisciples plus sages en gravissaient les échelons ; ceux qui, comme moi jadis, avaient penché vers la politique étaient aujourd'hui députés, bientôt ministres. Et moi, je courais les déserts en pourchassant des déchets d'humanité. Qui ou quoi m' avait donc poussé à faire exploser le cours normal de ma vie ? Était-ce une ruse, un habile détour destinés à me permettre de réintégrer ma carrière avec des avantages supplémentaires et qui me seraient comptés ? Ou bien ma décision exprimait-elle une incompatibilité profonde vis-à-vis de mon groupe social dont, quoi qu'il arrive, j'étais voué à vivre de plus en plus isolé ? Par un singulier paradoxe, au lieu de m'ouvrir un nouvel univers, ma vie aventureuse me restituait plutôt l'ancien, tandis que celui auquel j'avais prétendu se dissolvait entre mes doigts. Autant les hommes et les paysages à la conquête desquels j'étais parti perdaient, à les posséder, la signification que j'en espérais, autant à ces images décevantes bien que présentes s'en substituaient d'autres, mises en réserve par mon passé et auxquelles je n'avais attaché aucun prix quand elles tenaient encore à la réalité qui m'entourait. En route dans des contrées que peu de regards avaient contemplées, partageant l'existence de peuples dont la misère était le prix - par eux d'abord payé - pour que je puisse remonter le cours de millénaires, je n'apercevais plus ni les uns ni les autres, mais des visions fugitives de la campagne française que je m'étais déniée, ou des fragments de musique et de poésie qui étaient l'expression la plus conventionnelle d'une civilisation contre laquelle il fallait bien que je me persuade avoir opté, au risque de démentir le sens que j'avais donné à ma vie. Pendant des semaines, sur ce plateau du Mato Grosso occidental, j'avais été obsédé, non point par ce qui m'environnait et que je ne reverrais jamais, mais par une mélodie rebattue que mon souvenir appauvrissait encore : celle de l'étude numéro 3, opus 10, de Chopin, en quoi il me semblait, par une dérision à l'amertume de laquelle j'étais aussi sensible, que tout ce que j'avais laissé derrière moi se résumait.
Tristes Tropiques, Plon, 1955, p. 435.
Deux textes de Claude Lévi-Strauss sur Traverses :

Wednesday, November 26, 2008

Monday, November 24, 2008

Hara-kirigole rose

Depuis jeudi dernier, je suis trop occupé pour avoir le temps de blogguer. J'ai à peine le temps de lire quelques épisodes du passionnant feuilleton produit par le PS. Aussi, ce n'est que ce soir que je découvre les infos qui circulent à ce sujet, dont un édito signé Joëlle Meskens pour Le Soir.

Meskens écrit en conclusion :
Nicolas Sarkozy, avec son gouvernement d'ouverture, avait porté un premier coup à la gauche. Cette fois, il n'a pas dû bouger le petit doigt. Le PS s'est fait hara-kiri.
Comme c'est triste... Mes condoléances à la peuplade de gauche.

Enfin, la lecture du Süddeutsche Zeitung m'afflige encore plus car j'imagine la tête des sarkonévrosés sympathisants du PS:
Sarkozy ne risque rien de la part ces socialistes-là. Il peut déjà faire mettre une bouteille de champagne de Reims au frais. Mais le président ne boit pas. Il préfère déguster la désunion de ses adversaires en toute sobriété.

Tuesday, November 18, 2008

Rose Cocu

Ce soir, Ségolène Royal a estimé qu'il y avait eu "beaucoup d'injustice" contre Georges Frêche, exclu pour deux ans du PS l'an passé, mais toujours très influent dans la fédération de l'Hérault qui a voté massivement pour la motion de l'ex-candidate à la présidentielle au congrès de Reims. "C'est un élu important, c'est un maire qui a transformé la ville de Montpellier, c'est un homme cultivé, c'est un homme intelligent" qui certes a fait "beaucoup de maladresses", a-t-elle dit.

Cet "homme intelligent"(sic) avait regretté que l'équipe de France de foot soit composée de "neuf Blacks sur onze" alors que "la normalité serait qu'il y en ait trois ou quatre". Il avait aussi, entre autres - la liste est longue -, traité des harkis de "sous-hommes", lors de la cérémonie organisée à la mémoire de Jacques Roseau, le 11 janvier 2007 : "Vous, vous faites partie des harkis qui ont vocation à être cocus jusqu'à la fin des temps [...] Allez avé les gaullistes. Allez avé les gaullistes vos frères à Palavas, vous y serez très bien. Ils ont massacré les vôtres en Algérie et encore vous allez leur lécher les bottes."

Pourtant, c'est le même Frêche, qui, lors de l'élection présidentielle de décembre 1965, appelait à voter pour... de Gaulle, afin de "barrer la route à Mitterrand, le candidat américain"!

Et dire que des sympathisants socialistes passent leur temps à essayer de nous faire croire qu'avec le PS, et la Royal, en particulier, nous aurions affaire à des dirigeants honnêtes.

On se demande qui sont les véritables cocus dans cette histoire et qui lèche les bottes de qui ?

Roy

Cliquez pour agrandir l'image du verre et de la mouche

Thursday, November 13, 2008

Traits politiques

Rubin ne m'a pas expressément demandé mon avis. Pourtant je réponds, ici, aux questions qu'il pose sur son blog. Pour moi, c'est une bonne façon de faire le point. La politique n'est pas ma première préoccupation; je n'ai jamais demandé de carte d'électeur; je n'ai jamais participé à la moindre élection, sinon, une seule fois, pour couronner Miss Moulay Bousselham 1974.

1. Quel thème généralement peu évoqué, ou selon vous traité avec légèreté, aimeriez-vous voir occuper une place plus importante dans la vie intellectuelle, politique et médiatique ?
Le poids que représentent les salaires des fonctionnaires dans le budget de la France ainsi que le droit de grève de ces derniers. Les conditions de détention des prisonniers de ce pays qui ne sont pas dignes d'une démocratie constamment perchée sur ses ergots pour proclamer, à la face du monde, sa grande humanité. Mais aussi les déplorables conditions d'élevage des animaux et la législation qui se rattache à eux. La France-Afrique et ses réseaux opaques solidement implantés au plus haut niveau de l'appareil étatique.

2. Inversement, quel sujet fétiche des médias, "nouveaux" et/ou "anciens", trouvez-vous futile ou superficiel au point de ne mériter qu'une faible part de l'attention qu'on lui porte ?
Le sport, soit le chose la plus stupide que le XXème siècle ait fabriqué.

3. Quelle pratique d'ordre public ou privé, largement autorisée par la loi, vous semble nocive au point de devoir faire l'objet d'une interdiction ou d'une réglementation sévères sans plus tarder ?
La chasse et la pêche: deux pratiques à la con qui n'ont, aujourd'hui en Europe, plus aucune raison d'être.

4. Inversement à nouveau, quelle interdiction ou contrainte apposée à un comportement privé ou public vous apparaît si injustifiée qu'elle devrait être levée aussi vite que possible ?
L'interdiction du port d'objets vestimentaires religieusement connotés. L'interdiction de dire tout et même n'importe quoi. L'interdiction d'être armé. Avec un port d'arme autorisé, je pense qu'on aurait des concitoyens un peu plus calmes et réfléchis, c'est à dire beaucoup moins agressifs au quotidien... après une première période, inévitable, de carnage généralisé.

5. Enfin, quel événement contemporain a, selon vous, le plus façonné ou modifié vos opinions politiques ?
L'idée qu'une meuf aussi peu intelligente que la Royal, mais bouffie d'orgueil et d'une arrogance époustouflante, puisse accéder à la magistrature suprême. C'est à partir du moment où elle a posé sa candidature à la présidence que j'ai commencé à suivre d'un peu plus près les tractations politiques au plan national. Toutes les conneries que peuvent faire l'équipe de l'actuel président sont un moindre mal par rapport aux dégats que cette pintade et son staff de dindons auraient pu commettre.

Je me demande ce que vous auriez répondu à ma place ?

Position politique

Au regard du billet précédent, vous vous demandez peut-être comment je me positionne en terme d'orientation politique. Si c'est le cas, vous pouvez trouver des éléments de réponse en jetant un coup d'oeil au graphique suivant.

C'est Lomig qui a eu la bonne idée de demander à quelques membres du réseau LHC de passer un quizz, bien que très sommaire, qui permet d'avoir une image reflétant la position du réseau sur la palette des couleurs politiques.

Pour le moment, en fonction des premières réponses, on constate que LHC penche plutôt à gauche.

Tuesday, November 11, 2008

Liberté, Humanité, Critique

Les lecteurs, qui connaissent Cloudy Days depuis quelques temps, ont peut-être remarqué que, sous mon profil affiché dans la colonne de gauche, se dessine un logo accompagné de la légende "Recommandé par des Influenceurs". Depuis hier, je fais partie du réseau Liberté, Humanité, Critique [LHC] fondé par Roman Bernard aka Criticus et LOmiG. Suite à une invitation de Rubin Sfadj, j'ai soumis ma candidature au LHC qui l'a accepté après délibérations. Je remercie chaleureusement Rubin et les bloggers qui ont voté en ma faveur.

Si Cloudy Days n'est pas un blog "politique", il m'arrive assez souvent d'exprimer mes opinions. Je n'adhère à aucune mouvance politique, mais je me sens relativement proche des opinions qui sont celles des bloggers que je viens de citer.

Comme on ne fait pas partie d'une communauté sans se dresser contre une autre, en entrant dans le réseau LHC, je me démarque franchement des bloggers qui annoncent pompeusement faire parti du "peuple de gauche", alors qu'ils ne font, en réalité, partie que d'une communauté d'individus sentant l'odeur âcre du renfermé, rejoignant ainsi la France moisie dépeinte par Sollers, avec quelques nuances puisque la société française a évolué depuis.

C'est le point de vue de Peter Sloterdjik qui fait souvent référence à l'idée que je me fais de la politique et Slavoj Zizek en donne un aperçu:
Quel est donc le "programme positif" de Sloterdijk ? Comme l’indique le titre de sa conclusion, il s’agit avant tout d’aller "au-delà du ressentiment" : il faut déligitimer et rompre le lien fatal noué entre intellectuels et ressentiment, qu’il s’agisse aussi bien de penseurs féministes, postcolonialistes ou écologistes. Il faut réaffirmer haut et fort l’approche libérale, dont John Locke trouva la première formulation : la triade Vie-Liberté-Propriété - triade guérie du ressentiment grâce à l’amère pilule nietzschéenne. Il nous faut apprendre à vivre dans une culture mondiale postmonothéiste, dans une méritocratie anti-autoritaire respectueuse des normes de la civilisation et des droits de l’individu, condamnée à être perpétuellement en fragile équilibre entre élitisme et égalitarisme. Il nous faut articuler un "code de conduite" libéral efficace en équilibrant les interactions entre les divers agents thymotiques, et ainsi sortir du chemin fatal qui nous mène à la destruction éthique et écologique.

Saturday, November 8, 2008

Stranger a Day


Between January 1st, 2004 and December 31st, 2004 Roark Johnson photographed strangers, people he doesn't know once a day, every day. He's used an 8X10 Deardorff. Unlike Roark, it's a camera that commands attention, respect and awe.

Wednesday, November 5, 2008

Applaudissements

Je garde en mémoire - sur mon HDD - les billets des Français qui, aujourd'hui, applaudissent des deux oreilles l'élection de Obama. J'ai l'intention d'en reparler dans un an.

Je lis que le doute s'installe déjà dans les esprits, qu'on se rassure comme on peut: "Félicitations M. Obama ! Bon courage pour la tâche immense qui vous attend. Ne nous décevez pas ! (en même temps, on se rassure en se disant que cela ne peut pas être pire que W.)"
Pourtant cette jeune journaliste ne doutait de rien au début du mois de juin: "Que bientôt l'homme le plus puissant du monde puisse être Noir, c'est la bonne nouvelle rafraîchissante de la semaine ! GO GO GO Obama !"

Enfin, c'est avec ces quelques mots que débute ma collection.

A l'année prochaine !

Tuesday, November 4, 2008

Sombres crétins

Tout ce bruit - parce qu'il s'agit bien de cette pollution qui altère ou perturbe la transmission d'un message, la communication d'un signal - autour du candidat Obama, me rappelait quelque chose sans que je n'arrive à identifier la chose en question.

Et ce soir, en écoutant à la radio, pour la millième fois, que le monde changera simplement parce que les U.S.A. seront gouvernés par un noir, un métis, un bi-racial, un type qui n'a pas la même couleur de peau que la plupart des connards qui répètent en boucle cette putain de litanie, j'ai enfin su ce que me rappelait ce bourrage de crâne : la situation de la France à la veille de la coupe du monde de foot en 1998. Vous vous souvenez du discours "Black-Blanc-Beur", avec pour propagande : la mentalité française va complètement changer, il n'y aura bientôt plus de racisme en France ?
Vous connaissez la suite : Le Pen au second tour de la Présidentielle, l'embrasement des banlieues, la Marseillaise systématiquement sifflée, etc., etc..

Il faut croire que les Français forment une population plus con que ce qui est raisonnablement admissible. Sinon comment expliquer que 80% de bourrins, dans ce pays, puissent imaginer que les conditions sociales vont subitement s'améliorer dans le monde, uniquement parce qu'un homme, à la peau un peu plus foncée que celle de l'ensouché français, gouvernerait les Etats Unis d'Amérique ?