Thursday, December 18, 2008

Jeunes merdeux

Extrait d'un reportage intitulé "Le ministre recule pour mieux nous arnaquer", voici ce qu'on peut lire sur Le Monde :
Pour Devi Langouët, 16 ans, en première L à Rennes, responsable départemental de l'UNL, le mot clé reste celui de suppression. "Tant que les suppressions de postes sont maintenues, on continue". Il ne voit pas les vacances d'hiver comme un obstacle. "Si les suppressions de postes ne sont pas remises en cause, ça va s'enflammer. Il y aura de la rage. Des blocages et pas que des blocages de lycées", dit-il, tout en assurant qu'il ne "souhaite pas cette radicalisation".
Je n'arrive pas à me décider pour l'attitude qu'il me faut prendre suite à la lecture d'une chose pareille. Dois-je me tordre de rire devant tant de stupidité infantile ou dois-je me déclarer totalement hors jeu et me situer encore plus en marge que je ne le suis déjà de cette société ? Une société dans laquelle je vis, mais à laquelle je refuse totalement de participer du point de vue de la citoyenneté.

Dans un roman, Milan Kundera fait dire à un de ses personnage : "Comment vivre dans un monde avec lequel on n'est pas d'accord ? Comment vivre avec les hommes, quand on ne sait pas être des leurs ?" Et ce sont des questions qui se posent pour moi, avec acuité.

Le problème est bien là, car je ne peux, en aucune façon, accepter d'adhérer à une société qui tolère, entre autres, que des enseignants - afin de préserver un pouvoir d'achat qui serait pénalisé en cas de grève - utilisent de jeunes merdeux pour paralyser des lycées et les encouragent implicitement à bloquer des voies publiques, et même, à quelques déprédations stupides, en faisant passer ces conneries pour des actes civiques héroïques.

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1 prof pour 12 élèves [PDF]


Un enseignant pour 12,2 élèves dans le secondaire. La France fait mieux que la moyenne des pays de l'OCDE (1 pour 13). Moins avantagée que l'Espagne ou l'Italie (10,6), elle bénéficie d'un taux d'encadrement bien meilleur que ceux du Royaume-Uni (14,1), de l'Allemagne (15,1) ou des Pays-Bas (16,2). Cette moyenne cache évidemment des réalités variées. Un enseignant n'a pas toujours le même nombre d'élèves devant lui, puisqu'un tiers des heures de cours est dispensé en groupe. De même, les effectifs d'une classe de latin n'ont rien de comparable à ceux d'une classe de français.

7 comments:

  1. Il faudrait commencer par ne pas donner de chiffres fallacieux. Un enseignant pour 12, je n'ai jamais compris d'où ça sortait. Moi, ce que je vois, ce sont des classes de 35 à 40 par prof un peu partout dans les lycées.

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  2. Un chiffre fallacieux est un chiffre qui ne te convient pas L'Hérétique, n'est-ce pas?
    Si tu en as de meilleurs à proposer, moi je n'ai rien contre.
    Mais je peux te donner une piste pour expliquer le fait que tu puisses voir des classes avec 35 et 40 élèves. C'est la Cour des comptes qui les produits, ces chiffres.

    Décharge, détachement, disponibilité, formation: enseignants hors la classe
    11/03/05 - Que font les 97.000 enseignants qui ne seraient pas installés en classe devant leurs élèves mais "inoccupés" ou occupés ailleurs et qui sont mentionnés par la Cour des comptes, dans un rapport épinglant la gestion des enseignants par l'Education nationale ?
    Ils sont "détachés", "mis à disposition", "en disponibilité", "déchargés", en "surnombre", affectés à des remplacements, chargés d'autres missions ou effectivement inoccupés.
    Le ministère de l'Education nationale, qui ne conteste pas les chiffres mais leur présentation et un certain "amalgame", a fait vendredi le point de la situation.
    - 21.000 enseignants hors du système éducatif dit la Cour. Ce sont 9.000 enseignants "en disponibilité", c'est à dire ayant décidé de quitter temporairement l'enseignement pour écrire un livre, élever des enfants, voyager... et 12.000 "détachés", travaillant pour les collectivités territoriales, la Culture ou l'Enseignement à l'étranger. Aucun n'est payé par l'Education nationale.
    - 26.500 sont dits, par la Cour, hors secondaire ou hors ministère. Ils exercent en IUFM, ils font de la formation pour adultes ou ils enseignent en prison.
    - 18.000, dit encore la Cour, exercent des activités pédagogiques mais hors présence dans une classe
    - Enfin, 32.000 sont dits "sans classe ni activité pédagogique".
    Le ministère conteste à la fois l'amalgame entre ces deux dernières rubriques et la réalité même de l'absence d'activités pédagogiques pour beaucoup. Il explique que sur ces 50.000 enseignants (18.000 plus 32.000), ils ne sont que 1.700 totalement inoccupés car malades et incapables d'enseigner (1.000 en traitement et 700 en réadaptation) tandis que 1.400 sont en mi-temps thérapeutique.
    Il y a également 2.400 enseignants en "surnombre", titulaires d'une discipline déficitaire en élèves comme l'allemand ou la techno. 1.900 sont en formation pour enseigner dans une discipline connexe tandis que 500 sont déjà réaffectés. Il y a aussi 9.500 remplaçants dits "inoccupés" par la Cour. Le ministère souligne qu'ils sont occupés à 80% en fonction des besoins.
    On trouve encore 3.350 enseignants exerçant comme conseillers pédagogiques, 650 travaillant au Cned (enseignement à distance), 3.100 affectés à des fonctions administratives.
    Restent enfin les enseignants bénéficiant d'une "décharge" ou "mis à disposition". Ces derniers (1.400) sont payés par l'Education nationale mais travaillent ailleurs, dans des institutions parascolaires ou associatives comme la Ligue de l'enseignement, à la Cité des sciences, à l'Institut du monde arabe ou dans les directions régionales d'action artistique (Drac).
    Quant aux "décharges", c'est à dire les dispenses complètes ou partielles de cours, elles concernent 7.050 directeurs d'écoles et 6.200 professeurs d'éducation physique dont une partie du temps statutaire est consacré à l'animation sportive.
    Il y a aussi 1.400 décharges syndicales qui sont de droit. Il y a enfin 7.800 décharges, dites statutaires (une heure de cours en moins accordée aux enseignants des classes d'examen) et 4.000 décharges non statutaires (accordées par exemple pour soutien scolaire).

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  3. RAPPORT D'INFORMATION DÉPOSÉ en application de l'article 146 du Règlement PAR LA COMMISSION DES FINANCES, DE L'ÉCONOMIE GÉNÉRALE ET DU PLAN sur la gestion des personnels enseignants des premier et second degrés n'exerçant pas devant des classes de l'enseignement scolaire ET PRÉSENTÉ PAR M. Jean-Yves CHAMARD,
    Député.

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  4. Ne pas rater le paragraphe "La gestion des personnels détachés dans des fonctions autres que d'enseignement ou demeurant sans affectation" ;-))

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  5. @ Scheiro : quand le nombre de ceux qui refusent ce monde-là deviendront majoritaires en Occident, les choses changeront : patience !

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  6. Vu mon âge, j'ai bien peur de ne pas connaître le monde dont tu parles, Criticus, mais sait-on jamais... le mur de Berlin que l'on pensait éternel est tombé presque du jour au lendemain, alors pourquoi pas... patience :-)

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  7. Tu verras, on le fera tomber, le mur de Solférino, au bulldozer même...

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