Friday, January 30, 2009

Bonheur textuel

LOmiG, ton blog refuse mon commentaire même après plusieurs tentatives pour l'inscrire. Alors, pour ne pas avoir fait une réponse totalement inutile, je la publie ici.
blog commentaire lomigC'est peut-être le mot bonheur qui est un peu trop excessif, LOmiG, pour qualifier ce que je ressens en écrivant ou après avoir écrit un post. Je peux y trouver un certain plaisir, la satisfaction d'avoir pu synthétiser une idée, parfois confuse, en une série de phrases compréhensibles pour un quelconque lecteur. J'aurais ainsi obtenu la quasi certitude que mon opinion sera entendue, et je me serais prêté au jeu de la conversation, asynchrone, en mode différé, médiée par ordinateur. Mais, pour moi, ça s'arrête là, et je ne considère pas cela comme un exploit [d'où le bonheur éventuel], sinon technique. En tout cas, ce n'est pas comme ça que je me représente l'acte d'écrire.

Je crois simplement qu'on n'écrit pas pour les autres, mais simplement pour soi et que le blog est justement l'outil qui est pensé pour la communication, la diffusion d'un message, avec une possibilité de retour presqu'immédiate sur investissement... Processus qui me semble à l'opposé de l'écriture. L'idée que je me fais de l'écriture comme la pratiquait Kafka - je dis ça parce que Rubin fait le rapprochement avec cet auteur - ne correspond pas à ce que je lis sur les blogs.

Pour faire simple : je veux juste signifier, qu'à mon sens, "écrire" c'est mettre en oeuvre un univers totalement original, construire un monde virtuel clôt, parfaitement délimité, ce qui n'a rien à voir avec ces carrefours ouverts à tous vents que sont les blogs. Un blog, c'est un drive-in installé au bord du périf, rien de plus ! Aussi, écrire pour une blog, du moins tel que les gens le font pour l'instant, c'est faire uniquement dans le fast-writing.

Il est probablement possible de produire autre chose, un nouveau genre textuel, autre que ce que les bloggers donnent à lire pour le moment [sous-journalisme et sous-littérature dans la plupart des cas], mais je pense que l'écriture en ligne reste encore à inventer. Et que celui qui en sera l'inventeur connaîtra peut-être alors un instant de bonheur.

5 comments:

  1. super. Désolé pour les soucis de postage de commentaires chez moi.

    Mais je suis finalement content que ça ait planté, parce que du coup, tu nous donnes ton avis de manière beaucoup plus précise que prévue...

    Je comprends ton point de vue, mais on est justement assez éloignés dans notre conception. tu vises à une forme "artistique", novatrice, presque solitaire. Je vise à un dialogue, à un échange. Les deux pôles se rejoignent bien dans le blog je trouve.

    ReplyDelete
  2. Non, LOmiG, je ne vise, ne cherche pas à créer quelque chose d'artistique; je n'y pense pas pour moi, parce que je me dis que ce serait un énorme travail et que je ne suis pas suffisamment armé pour le réaliser. Mais, je suis persuadé que de véritables artistes, de véritables auteurs vont trouver les moyens de produire de nouveaux objets, de nouveaux concepts avec les outils informatiques. Il y avait un monde sans photographie et la photo est entrée dans le champ artistique, tout comme le cinéma arrivé par la suite. On peut penser que sans le grammophone, le jazz n'aurait pas existé, en tout cas sous la forme qu'on lui connaît et le rock, sans la radio, encore moins.

    Je pense que, pour le moment, le Web n'a pas encore trouvé son objet; dans le sens où il ne fait qu'adapter l'article journalistique, la nouvelle littéraire, la photo, la vidéo, etc..., certes avec quelques avancées, mais rien de réellement nouveau, pas avec un truc - je ne sais quoi - qui culturellement trancherait assez radicalement avec le passé. Mais, je crois que ça peut arriver.

    C'est pourquoi, je ne chante pas l'avènement culturel miraculeux, la chose inouïe qui ne se serait déjà produite sur le Web. Même si je vois bien que tout n'est plus exactement comme avant et que pas mal de choses ont changé; comme ce plaisir de pouvoir faire lire et commenter ses textes par de nombreuses personnes. C'est d'ailleurs, la réflexion que je me faisais, il y a 2 jours, en remarquant que près de 30.000 personnes avaient jeté un coup d'oeil sur mes photos exposées sur les écrans du monde entier par le biais de la plate-forme Flickr. Des photos que pas même une dizaine de personnes auraient vues si Internet n'avait pas existé. Mais, je le répète: rien de radicalement nouveau. Pourtant, je crois que du nouveau se produira bientôt, quand l'effervescence des débuts sera retombée.

    Si effectivement, j'agis plus solitairement que la plupart des bloggers sur le Web, LOmiG, c'est parce que c'est dans "ma nature". Cette forme d'individualisme est encore plus accentuée au quotidien. Mais je ne suis pas aussi misanthrope qu'on pourrait le croire; la preuve... je suis en plein fonctionnement phatique en ce moment.

    ReplyDelete
  3. Je souscris entièrement à ce texte. Sinon, pour ce qui est d'une véritable écriture sur le net, il y a les « Vaisseaux brûlés » de Renaud Camus.

    ReplyDelete
  4. J'ai suivit le lien que vous avez donné sous le billet de Rubin, Didier. Je suis heureux de lire que nous partageons sensiblement le même point de vue concernant l'écriture bloggolistique, sauf que vous le dites avec d'une bien plus belle façon que je ne l'ai fait. La métaphore avec le cirque est très parlante, mais aussi très marrante.
    Ce qui me laisse penser que vous êtes bien plus proche, que bien d'autres bloggers, de l'idée que je me fais d'un véritable écrivain.

    ReplyDelete
  5. J'oubliais: merci, Didier, pour le lien vers le blog de Renaud. J'y ai passé un long moment hier matin et j'ai beaucoup apprécié les textes qu'il met en ligne. Mais aussi, sa manière d'utiliser l'hypertextualité: excellent!

    ReplyDelete

Note: Only a member of this blog may post a comment.