Sunday, February 1, 2009

Sing Along

rowdies
Si vos 20 ans n'ont pas coïncidé avec le début des années 70, c'est regrettable parce que vous êtes passé à côté d'une époque "formidable" qui ne sera pas reproduite de sitôt. Il fallait pour vivre cette époque une dose hallucinante de naïveté et une confiance en l'avenir qui semble totalement impensable de nos jours.

Si vous avez 2 minutes devant vous et envie de pousser quelques cris d'horreur, rendez-vous sur: Really Bad Cover Art.

10 comments:

  1. C'est curieux, mais j'ai beau eu avoir 20 ans en 1976, je n'arrive pas à trouver désirable cette époque, ni même son souvenir.

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  2. 1976 a aussi été l'année de mes 20 ans, Didier. Ce qui fait peut-être une différence de perception avec vous, c'est qu'au cours de ces 20 années, je n'ai vécu, en France, qu'une année scolaire - la 3ème - et quelques mois en caserne à Lunéville, suivis de quelques mois à l'hôpital militaire de Clamart, parce que j'imaginai qu'incorporer l'armée après avoir passé mon bac serait une bonne chose, alors que je n'étais pas tenu de faire mon service militaire, n'étant pas né sur le territoire français.
    Une chose est certaine, et c'est pour cette raison que le qualificatif "formidable" est entre guillemets, c'est que je n'ai vécu que l'écho lointain de ce tout ce qu'une image, telle ce cette couverture de disque, peu suggérer.
    Le Maroc de Hassan, où je suis né et où je vivais, était un pays fermé, les médias censurés, les importations très limitées avec une économie en crise profonde [il y avait des jours sans café, sans sucre, sans huile], les résidents étrangers spoliés, en partie, de leurs biens, les juifs persécutés, les émeutes de la faim et les révoltes étudiantes durement réprimées, les coups [et tentatives de coups] d'états répétés, la guerre contre l'Algérie - Polisario - en pleine ascension, etc... C'était plutôt ça l'ambiance dans laquelle je suis entré dans "l'âge d'homme", un peu loin des stéréotypes "gogochistes" et libertaires de la France suspendue à l'imaginaire 68.
    Aussi, Didier, je dois avouer que les affirmations inscrites sous forme de légende, ici, ne sont en réalité que le produit de mon imagination, de mes fantasmes au sujet d'une civilisation perdue et, pour ma part, inconnue. Ce que je dis ne témoigne en rien de mes "réels" souvenirs. Alors, je comprends que cela ne corresponde pas à ce que vous avez pu vivre, non plus. Je crois, effectivement, que ce ne sont que de simples clichés sur une époque révolue.

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  3. PS Précision: je suis ne sous le régime de Mohammed V.

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  4. Ah, oui, vu votre "parcours", comme disent les cons, je comprends mieux l'effet d'idéalisation. Comme remède, je suggère une cure de films de ces années-là : tout n'y est, à mon sens, que laideur : costumes, coiffures, décoration intérieure, musique, danses et j'en passe.

    Mais, au fond, bien entendu, je ne suis pas plus "objectif" que vous...

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  5. Comme vous le dites, c'est subjectif, et généralement, une grande partie des modes, des objets reliés à cette époque, me semble d'un goût atroce, grotesque mais j'arrive à en rire. Alors qu'aujourd'hui, il me semble que la culture populaire est tout aussi moche, mais sans que cela puisse prêter à sourire, ça ne semble même plus horriblement "extravagant" - on ne peut pas se dire mais où sont-ils allés chercher ça - ça me semble simplement désolant, un pauvre remixage sans avancée de ce que les générations précédentes ont pu produire.

    Pour les films d'époque, Didier, j'ai visionné tous (?) les Fassbinder et je dois reconnaître que je les ai beaucoup aimés. Mais, je suppose que ce n'est pas à ce cinéma là que vous faites allusion. Je crois que vous pensez plus au Disco et à Olivia Newton-John...

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  6. En effet, je pensais aux films "ordinaires", où l'histoire est suffisamment inintéressante pour pouvoir se concentrer sur tout le reste.

    Et, ensuite, une fois qu'on s'en est bien pénétré les yeux, de tous ces à-côtés, regarder un film des années 40, avec Cary Grant par exemple, et admirer les costumes, les robes, les voitures, les maisons, etc. : c'est rédhibitoire pour la période qui nous a vus, vous et moi, sombrer dans l'âge adulte !

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  7. L'idée de te voir insouciant en pattes d'eph me surprend ^^
    Et oui moi je suis un fils des trente piteuses. Heureusement dieu nous a donné les jeux vidéos et internet. Sans ça notre vie serait insupportable.

    Mais il est probable que comme le jeune adulte de 20 dans le Maroc des 70' trouvait l'occident si attirante et pleine de paillettes j'imagine que d'autres jeunes de pays encore plus lointains envient notre mode de vie tout de même festif. Alors que moi jeune étudiant pourrait avoir envie d'être dans un pays en croissance qui attend beaucoup de sa jeunesse. Ne pas se sentir presque obligé de s'excuser pour trouver sa place.
    Et moi aussi parfois je n'ai plus envie d'écouter du rap et j'écoute du disco. ça change un peu de stress http://www.dailymotion.com/video/x7jgfi_justice-stress_music

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  8. "Heureusement dieu nous a donné les jeux vidéos et internet. Sans ça notre vie serait insupportable" Je veux bien te croire, Evret, et j'aime bcp cette remarque.

    L'Occident fascinant était représenté par les USA. Les Américains avaient laissé au Maroc une forte empreinte et ceci dès le débarquement de 42. La plupart des hommes en âge d'être incorporés comme militaires se sont retrouvés embarqués avec les Américains et les Anglais dans la libération de l'Europe. De plus les US ont inondé le Maroc de matériel agricole, d'appareillage électro-ménager; de chemises en coton et de blue-jeans, de ray-ban et de planches de surf, etc..
    C'est la France, qui nous paraissait être un pays archaïque. Tu ne peux pas l'avoir connu, Evret, mais le Pays Basque, jusqu'à la fin des années 70, étaient une région essentiellement agricole, et non pas la région comme tu la connais. L'ambiance à Biarritz, St Jean de Luz ou Bayonne - en dehors du mois d'Aout - était pire que Sainte au mois de novembre, de nos jours. Casablanca, avec son quartier en bordure d'Océan surnommé "La Côte", qqs hectares sur lesquels fleurissaient 99% des night-clubs du Maroc, c'était Sin City en comparaison. Mis à part Paris, on ne rêvait pas de vivre en France. La pire de punition que pouvaient infliger les parents aux adolescents qui glandaient un peu trop au lycée, s'était de les envoyer croupir en internat, dans une ville de province française. C'est comme ça que j'ai passé mon BEPC... à Nîmes; avec l'impression d'être dans une situation pire que celle d'Ovide à Tomes. Je te laisse imaginer, ceux qui, pour les mêmes raisons, ont fini à Tarbes ou à Auch; les malheureux ont failli ne jamais s'en remettre.

    Non, Evret, les jeunes marocains de ma génération, dont les parents avaient suffisamment d'argent ne juraient que par les USA. Les choses ont par la suite changé, surtout dans les années 80. Mais, jusqu'à la fin de la guerre du Vietnam et qqs temps après, à cause de la forte présence des bases américaines, l'Europe n'était pour nous que la Vieille Europe. Une Europe respectable certes mais qui ne nous faisait pas vraiment rêver. Bien sûr, ce dont je te parle, ici, ne concernait qu'une infime partie de la population marocaine car, si, matériellement, en dehors de pénuries dont je parlais à Didier, les choses se sont tjs bien passées pour moi - je n'ai jamais pensé pouvoir mourir de faim. Par contre, sur le plan des libertés, des affaires, de la politique, compte tenu de la répression, de la corruption, de l'arbitraire administratif et judiciaire, du racket institutionnalisé, des rafles imprévisibles, des émeutes, des règlements de comptes tribaux, mafieux, des enjeux liés à la culture du chanvre et puis des coups d'états répétés, déjoués ou ratés, et pour finir, de la guerre... la vie n'était pas sans danger. Surtout que je ne savais pas rester tranquille; me tenir à carreau. Mais, la vie était encore plus risquée pour ceux qui ne bénéficiaient pas comme moi d'une protection bien que plutôt symbolique: celle d'avoir une nationalité étrangère, donc la possibilité d'un consulat ou d'une ambassade pour base de repli.

    C'est cette possibilité de repli, ma nationalité fr., que j'ai fini par utiliser au milieu des années 80. Ma jeunesse était révolue; j'étais adulte et je vivais alors à cheval entre l'Afrique et l'Europe. Les pattes d'eph étaient complètement passées de mode. Mon uniforme, c'était le perfecto, le jean et les tiags, ce qui faisait tjs rigoler les españoles. Le mur de Berlin était tombé, la movida était en train d'exploser ;-).

    Je comprends que malgré les émeutes de banlieues, la vie soient si triste de nos jours. Tout juste qqs petites grèves d'étudiants ou de fonctionnaires pour égayer le quotidien et pas même Pasqua pour mettre un peu de piment dans tout ça. Ben... wouais, restent l'alcool, le shit, les cachetons, les filles [et encore] et les gameboy, même pas de plaisirs avec les caisses, les bagnoles, les tires, les voitures: on ne peut plus rouler et le rock et mort...

    C'est d'just !!! Même avec le rap et le revival disco, hein, Evret ???

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  9. Tu as probablement reconnu là un de mes travers, en bon français j'ai parfois l'impression que le monde entier envie ma position ^^ Mais je suppose que la majorité des marocains aurait quand même bien apprécié la tranquillité des grandes nations européenne. Avoir une carte verte, un passeport français, britannique depuis très longtemps et a l'exception de quelques courtes périodes a permis une certaine sécurité. Je ne sais pas si je voyagerai un jour mais avoir un passeport qui me permet d'aller dans tous les pays du monde est une chose extraordinaire. Je ne savais pas que Casablanca étais une ville particulièrement festive, je connais juste cette ville comme lieu de villégiature favoris de beaucoup de retraités de ma connaissance ^^ Enfin si je sais qu'il y a eu des clubs chauds à Casablanca: le Rick's de Bogart! Ce n'est pas vraiment difficile a imaginer la cote basque comme étant agricole et calme, il suffit d'aller plus dans les terres vers la montagne pour voir des éleveurs vendeurs de fromage très roots! Mais ne cherche pas a faire des comparaisons avec Saintes. Je suis certain que le Biarritz de 1970 était 10 fois plus actif que Saintes aujourd'hui. Au cas où tu aurais envie de "cluber" à Saintes ;-) il y a une espèce de discothèque où on mélange salle country, disco, techno et R'n'B et deux bars. Un qui est crade puant comme une vieille cave moisi et l'autre plus beauf que bar de camping de Bidard. Nimes, ça aurait pu être pire: Limoges, Angoulême, Poitiers, Mulhouse... J'apprends beaucoup de choses sur toi ici. Ton désir d'être militaire, le fait que tu ais porté des perfectos... Pour en revenir à la condition de jeune je pense qu'on a une pression sociale très importante sur les épaules. Nos parents veulent absolument que l'on étudie et nous aussi, c'est la même chose pour nos camarades. Je ne sais pas comment c'était dans les 70' mais l'argent, la place sociale joue un rôle extrêmement important. Rares sont les jeunes qui se disent : je vais aller m'amuser travaillant si et là pendant 3, 4 ans et à 25, 30 ans je me poserais. On a déjà des aspirations bourgeoises. Moi le premier, je cherche a me trouver une place de bon père de famille. Et on est beaucoup comme ça. On fait des calcules, on regarde les statistiques pour trouver la meilleur formation pour avoir le meilleur job. Bref ce n’est pas très rock'n'roll. On n’est pas tous comme ça. Mais je pense que la majorité ont des aspirations similaires a ce que je décris. Je me rends compte que j'ai beaucoup écrit. Pardon pour la longueur.

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  10. Non, tu as raison, Evret, et c'est aussi pour ça que je suis tjs en France: pour le confort matériel. L'idée de vivre en sécurité est qq chose qui prime dans notre imaginaire. Aussi, la posture de l'aventurier, du "rebel without a cause" est bien jolie mais si on peut la vivre par procuration au travers d'un écran de télévision, pourquoi se tuer à la vivre véritablement. Sans compter que personne ne peut dire avec certitude ce que signifie "vivre véritablement". Il m'a quand même fallu un peu de tps pour comprendre ça, alors qu'en y réfléchissant, maintenant, ça n'a pas l'air très compliqué. Au point que la plupart des gens n'ont pas besoin d'y penser longtemps et se coulent dans le moule parce que c'est probablement la seule manière de vivre: nos cerveaux reptilien et mamiférien pèsent lourds dans nos "choix" face à la vie. Et c'est, d'ailleurs, pour cette raison certainement qu'il est facile de promettre au plus grand nombre des "lendemains qui chantent", sans qu'ils n'aient vraiment besoin de trop se casser la tête. C'est ce que savent si bien faire les populistes qui nous gouvernent et mieux encore les ténors du populisme que furent Lénine, Staline, Hitler, Mussolini, Mao, Castro et tant d'autres.

    Mon désir d'être militaire correspondait au refus du bureau de l'émigration australienne de prendre en compte mon dossier sous prétexte que je n'étais pas majeur - majorité à 21 ans! Mais, je me suis vite rendu compte que l'armée n'était pas l'institution la mieux pensée pour mon épanouissement personnel. Aussi, j'ai déserté au bout de 4 ou 5 mois et c'est à partir de là que ma vie a véritablement trouvée son sens, son orientation. Mais, bon, je radote... excuse-moi Evret, c'est l'âge. Je m'apitoie sur ma jeunesse.

    En tout cas les choses, ne me semblent pas radicalement différentes des 70's. La société fr. me semble tout aussi, hiérarchisée, cloisonnée, d'où une lutte individuelle incessante et indécente pour trouver sa place au milieu de tous ces trous d'obus, où chacun s'est enterré en priant pour que le ciel ne lui tombe pas sur la tête.

    Une chose est sûre: je ne suis pas en mesure de donner des conseils à qui que ce soit pour "réussir" sa vie. Tes parents sont certainement mieux qualifés que moi, pour faire cette lecture dans la boule de cristal. Aussi, je ne porterais aucun jugement sur la façon dont tu conçois ton avenir, Evret. De plus pour moi, "avenir", ne veut rien dire; jamais je n'ai pu prévoir quoi que ce soit, me concernant.

    Par contre, tenir un blog est une bonne façon de poser des jalons, afin de savoir où poser les pieds et avoir en échos les rumeurs du monde. Ecrire et réfléchir ne me semblent pas être deux agissements tout à fait incompatibles.

    Voilà, Evret, les facs sont en grèves, le printemps ne devrait plus tarder, la vie devrait être encore belle, en France, pour quelques temps.

    Un de ces jours je repasserai à Sainte, peut-être pas pour ses night-clubs [j'imagine ;-)], mais pour me rapprocher de mes origines - je te rappelle que mon GP paternel était de Coulonges sur l’Autize.

    En attendant, porte toi bien and take care, amigo...

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