"On a souvent écarté la pertinence actuelle de la pensée politique de Rousseau en reléguant (au mieux) son champ d’application aux petites républiques antiques ou en y voyant (au pire) la préfiguration des dérives modernes de la tyrannie des masses et du totalitarisme. Ces lectures sont surtout des moyens de rester sourd à ce que Rousseau nous donne à penser sur nos propres démocraties, lorsqu’il théorise les conditions de possibilité de la démocratie en général et lorsqu’il observe avec scepticisme la préfiguration des démocraties représentatives modernes que constitue en son temps le modèle anglais (CS, III, 15).
Toute sa pensée politique repose sur ce qu’il nomme lui-même quelques "principes" simples.
Premièrement, la politique et le droit concernent toujours la totalité d’un peuple donné. La politique est donc par définition "chose publique" (res publica) et par conséquent il n’est pas d’autre régime politique légitime que le régime républicain ; ce qui s’entend, dans son vocabulaire, comme régime mettant entre les mains de la totalité du peuple les décisions législatives qui le concernent. La chose publique doit être l’affaire de tous, sans quoi elle sera toujours l’objet d’une usurpation despotique plus ou moins radicale.
Deuxièmement, la vie démocratique suppose que les membres de la société aient une conscience minimale de l’existence d’un intérêt commun, défini comme ce qu’il y a de commun entre les différents intérêts particuliers (CS, II, 1).
Une démocratie peut-elle faire abstraction de ces deux principes sans entrer en contradiction avec elle-même ? Et l’approfondissement de ces deux principes n’éclaire-t-il pas les tensions qui travaillent structurellement les démocraties modernes ?"
Toute sa pensée politique repose sur ce qu’il nomme lui-même quelques "principes" simples.
Premièrement, la politique et le droit concernent toujours la totalité d’un peuple donné. La politique est donc par définition "chose publique" (res publica) et par conséquent il n’est pas d’autre régime politique légitime que le régime républicain ; ce qui s’entend, dans son vocabulaire, comme régime mettant entre les mains de la totalité du peuple les décisions législatives qui le concernent. La chose publique doit être l’affaire de tous, sans quoi elle sera toujours l’objet d’une usurpation despotique plus ou moins radicale.
Deuxièmement, la vie démocratique suppose que les membres de la société aient une conscience minimale de l’existence d’un intérêt commun, défini comme ce qu’il y a de commun entre les différents intérêts particuliers (CS, II, 1).
Une démocratie peut-elle faire abstraction de ces deux principes sans entrer en contradiction avec elle-même ? Et l’approfondissement de ces deux principes n’éclaire-t-il pas les tensions qui travaillent structurellement les démocraties modernes ?"
Blaise Bachofen
Je ne vois guère que la "survie" comme "intérêt commun", selon cette définition.
ReplyDeleteLa survie d'un groupe, c'est bien beau. mais c'est un concept dangereux, non, si on ne précise quels sacrifices le groupe est prêt à faire pour sa survie ?
Bachofen ne parle pas de survie dans ce passage, pas plus que de groupe; j'ai au contraire l'impression qu'il englobe toute la société en disant: "la vie démocratique suppose que les membres de la société aient une conscience minimale de l’existence d’un intérêt commun". Il est encore moins question de sacrifier quoi que ce soit. Alors, je n'arrive pas à saisir le sens de ta question LOmiG et c'est pour cette raison que je n'y ai pas répondu rapidement; je me disais que je comprendrai à quoi tu fais référence en y réfléchissant; mais non, je ne vois yjs pas où tu veux en venir. Donne moi plus d'infos, soit plus explicite, stp.
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