Saturday, March 21, 2009

Liens

Tous ceux qui sont passés dans le coin ces derniers jours auront ont pu constater, à la lecture de Cloudy Days, que je ne ménageais pas les bloggers, et, de façon plus générale, les Français. Évidemment, dénoncer les travers des bloggers est une activité qui ne peut pas connaître la crise. Dans l'ensemble, les gens qui produisent des posts sont tellement bêtes et tellement satisfaits d'eux-mêmes que leur mettre le nez dans leur propre merde est un véritable jeu d'enfant. C'est tellement facile que ça ne demande pas qu'on s'y intéresse très longtemps. Je ne vais donc pas y consacrer ma vie. C'est sans importance.

Pourtant, je sais que la plupart des lecteurs prend le bloggin' au sérieux et que la majorité ne supporte pas qu'on dise des choses négatives à ce sujet. Je suis certain de me faire un bon nombre d'ennemis parmi ceux qui pratiquent ou qui accordent de l'importance aux blogs. Aussi, je supprime, dans ma blogroll, tous les liens qui rattachent Cloudy Days à d'autres blogs, afin que les auteurs de ces derniers ne soient pas associés, contre leur gré, à ma mauvaise réputation.

Si certains d'entre vous, pour n'importe quel motif, souhaitent retrouver une place dans la blogroll de C.D., ils n'ont qu'à me le faire savoir, et le lien sera rétabli.

15 comments:

  1. Des ennemis, carrément? Fichtre :-)

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  2. Vous avez raison, Ikuulup, le terme "ennemi" est un peu fort dans ce cas. Est-ce qui vous avez un mot qui correspondrait mieux à la définition de ces bloggers qui me sont hostiles?

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  3. Des idiots, certes, mais encore?

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  4. des gens bien éduqués? qui n'aiment pas le conflit? (hum...j'associerais donc "idiot" à "bien éduqué"... Soit...)

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  5. Moi je suis ton amiiiiiiiiii !

    (Gollum, gollum !)

    (non mais c'est vrai, en plus ! ?)
    (je peux avoir mon lien dans la blogroll ?)

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  6. Je n'ai aucune crainte d'être associé à tes propos. Je connais tes avis tranchés, parfois dérangeants, et c'est pour cela que je reviens régulièrement ici.

    Tizel

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  7. @Ikuulup: "Il faut opter entre faire un homme et faire un citoyen; car on ne peut pas faire à la fois l'un et l'autre." Jean-Jacques Rousseau.

    @L: Pour avoir un lien il faudrait, au moins, que tu aies un blog :-)

    @Tizel: Bon, ce que tu me dis es plutôt rassurant, parce que moi non-plus je n'ai pas l'impression d'être un dangereux subversif, mais en voyant certaines réactions je me demande parfois si je suis en phase avec mes coreligionnaires.

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  8. Ah mais si, mais si, attentioooon, j'ai bien un blog (enfin officiellement, c'est construit sur une base de blog. Après, pour le contenu, c'est autre chose. De pire).

    Je suis juste trop feignant pour retaper mon adresse mail et mon password à chaque fois que je poste un com' d'une part, et d'autre part, trop parano pour rester connecté non-stop.

    Donc mon "blog de la honte" est en lien chez Astrale, sur le billet "Art-foolish-quelque chose" (il n'y a pas de hasard ?), et si la L.osphère se limitait à ça, au apssage, ce serait encore beau (dit le maître renard, vanne à un euro sur E-Bay). Parce qu'il n'y a rien moins que trois sous-blogs associés, plus un site, une galerie flickr et une chaîne Youtube, tout ça pour décliner mon grandiose Ridicule en multimédiascope. Quitte à utiliser un outil, autant l'utiliser complètement, mêm si c'est pour se décrédibiliser (et se recrédébiliser) jusqu'à la (heureusement plus qu'hypothétique) quinzième génération.

    Bien sûr, je ne pense pas que tu accroches à mon univers, je pense même qe tu peux y découvrir d'autres facettes inédites du mot consternation si tu t'y égares trop longtemps, mais why not ? Moi, je ne suis pas contre, en tout cas.

    En souvenir de nos échaufourées passées et de nos duels pour amuser la galerie d'internautes béats - dont on sait l'un comme l'autre qu'ils se régalent de ce genre de combats de coqs virtuels et autres luttes de gladiateurs, si truqués soient-ils à la base -. On a bien rempli notre fonction, en notre temps et en la matière, pas vrai ? ! Tout en n'étant dupe ni l'un ni l'autre du côté comédie de notre guerre parodique.

    Ou me trompe-je ? : )

    Dommage que le temps me manque tant (ou que le tant me manque temps ? !) (soupir)...

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  9. @L: J'ai passé un moment à lire et explorer ton blog en début d'aprem.
    J'ai pas mal de choses à te dire et je vais enterrer - momentanément? - la H de guerre pour te répondre sérieusement. Excuse moi de ne pas le faire tout de suite, je ne dispose pas assez de temps ds l'immédiat mais c'est promis, je te répondrais, je ne t'oublie pas.
    @+!

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  10. Très sincèrement, cet avis m'intéresse plutôt deux fois qu'une, vu combien peuvent être potentiellement éloignés nos univers et nos conceptions du "blogging" au départ !

    De la même façon, quelques soucis informatiques me condamnent à un silence temporaire dans les jours à venir, donc il n'y a pas d'urgence, mais je serais ravi de découvrir ça, si critique que cela puisse être !

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  11. Comme je te le disais, L., j'ai lu ton blog en début d'après-midi [Je me suis ensuite rendu compte que tu as deux autres blogs en dehors de One Feather a Day, le Blog]. Tu ne te trompes pas; tu avais une bonne intuition; je n'arrive pas à entrer dans ton univers. Je trouve même assez surprenant le fait que je ne puisse pas y accéder malgré ma bonne volonté. Ça ne tient pas à ta manière d'écrire: elle est assez sobre, la forme syntaxique est correctement dépliée, la ponctuation respectée, etc. Mais comme tu l'as noté sur l'un de tes billet, ton blog représente pour moi, "l’espace zéro". Zéro parce que tu fais en sorte de boucher toutes les entrées/sorties. Tu fais les questions ET les réponses. D'ailleurs, tu trouves des explications à tout; mais des explications qui ne font sens que pour toi, pour d'autres peut-être, mais qui ne disent rien pour moi. Un paragraphe tel que celui qui suit, est, à mon avis, représentatif de l'ensemble de ton blog:

    "Or, créer, c’est laisser s'exprimer cette intuition profonde et douloureuse, cette aspiration à propager, à répercuter sa propre musique à l’extérieur de soi pour la préserver, la rendre plus matérielle, plus authentique, plus éternelle, à la faire exister au-delà de son unique petite existence, à lui donner un support, un corps, une identité, pour ne plus être se sentir "sans rien", souvent, pour ne plus être soliste au milieu de l’orchestre, pour donner à voir cette « âme », cette partie de soi qu’on sent cachée aux yeux des autres, et pour avoir le droit d’exister dans notre différence."

    C'est du vent, ça ne veut rien dire, c'est seulement pompeux. Ces mots ne renvoient à rien, ne font pas sens, n'appellent à aucune représentation, aucun référent. Une fois qu'on a lu un paragraphe comme celui-ci on n'est pas plus avancé qu'avant la lecture. On peut juste deviner que tu voudrais être reconnu comme "le soliste", fonction éminente au sein d'un orchestre symphonique. Quand à "créer" - je suppose que tu parles d'oeuvre artistique - c'est jusment tout le contraire d'une intuition encore moins d'une intuition profonde, véritable oxymore, et on se demande pourquoi douloureuse sinon selon le cliché éculé de l'enfantement. Evidémement l'intuition renvoit au trait de génie, Archimède dans sa baignoire, la petite ampoule qui brille au-dessus de la tête de Géo-Trouvetout. Or créer une oeuvre c'est tout le contraire, c'est un long processus; l'"art" selon le dico, c'est un "ensemble de moyens, de procédés conscients par lesquels l'homme tend à une certaine fin, cherche à atteindre un certain résultat". Et pour te donner un autre argument qui va à l'encontre de la définition que tu donnes ici, je cite Malraux qui prétend que "Le monde de l'art n'est pas celui de l'immortalité, c'est celui de la métamorphose."

    Évidemment, tu peux penser que je te dis ça simplement pour te nuire, parce qu'effectivement, il n'y a rien d'encourageant dans mes propos. Mais en réalité, je pense que tu es loin d'être idiot, L., seulement tu n'oses pas - je ne sais pour quelle raison - t'attaquer à qq chose de plus solide. Tu restes persuadé que tu peux t'en sortir en surfant à la surface des choses. Tu sembles prétendre que tu peux "créer" sans avoir à suivre l'enseignement des maîtres, et, même pire, en le contournant totalement. J'ai l'impression que tu es persuadé que tu es né sous le signe des génies et que, sans que tu ne te donnes la peine de faire quoi que ce soit, c'est à dire d'approfondir un domaine particulier, de te doter d'une solide culture, tu seras un jour où l'autre reconnu comme un être exceptionnel, d'une fantastique originalité. Pourtant, je peux te dire que ça ne marchera pas. C'est d'autant plus dommage, que tu dépenses beaucoup d'énergie et que cette dépense s'avère inutile parce qu'elle n'est pas canalisée. Tu passes ton temps à te rassurer, avant même d'avoir entamé quoi que ce soit. Tu dois comprendre que le monde que tu ne veux pas quitter, celui de tes rêves enfantins est aussi plat qu'une page de manga, qu'une vieille baudruche crevée et desséchée. Les ballons multicolores flottants dans l'azur, chose qui t'émerveillaient tant, il y a 20 ans, sont en lambeaux maintenant. Tu dois te réorienter selon un angle de 90°, et cesser de te déplacer en rampant, à l'horizontal. Tu es grand, tu peux marcher debout, sur tes deux jambes et si tu tombes, tu te relèveras, ce n'est pas grave. Un chose est sûre, c'est que tu as passé l'âge des enfantillages et que tu n'as rien à gagner en y restant cramponné. Bien entendu, je ne te connais pas et tu as certainement un tas des bonnes et de mauvaises raisons pour suivre cette voie.

    Je ne fais que te dire ce que je perçois de toi, au travers de tes commentaires et au travers de ce que j'ai pu lire sur ton blog. Largue les amarres, sort des jupes de ta mère, L.. Je ne sais pas comment tu recevras ces remarques, mais si je prends le temps de les écrire c'est parce que je me dis qu'elles pourront t'être utiles, mais je peux aussi me tromper et je me trompe probablement parce que je n'élabore ce discours que sur des impressions. Mais je crois que tu voulais connaître mes impressions. Dernière chose: ce sont mes impressions du moment, donc rien de sûr et de définitif non plus.
    Amicalement !

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  12. Je ne serais pas dans la blogroll, alors, si j’ai bien compris ? : )

    Blague à part, merci pour cet avis développé, respectueux et inévitablement critique (Scheiro oblige, c’est une marque de fabrique !). Je n’en attendais pas moins (ni tant, d’ailleurs, je suis flatté). Merci, donc, d’avoir pris ce moment pour lire, et ce moment pour dresser un bilan écrit. J’apprécie l’effort à sa juste valeur. Je vais mûrir tout ça et y réfléchir comme je me dois de le faire, soit pour confirmer certaines choses, soit pour en infirmer d’autres… Il faut laisser le temps au temps, en la matière, on ne change pas du jour au lendemain, et je ne suis pas certain, non plus, de vraiment le vouloir. Mais en tout cas, cet éclairage nouveau vaut d’être médité, analysé, pesé avec le moins de mauvaise foi possible et je te garantis ici solennellement que ce sera fait.

    Je vais aussi tâcher de répondre rapidement, courtoisie oblige, non pas pour tenter de me justifier à coup de sophismes mais pour donner les explications et/ou éclairages qui conviennent quand ils ont le bon goût d’exister.

    Première chose, sur cette question d’espace-zéro, effectivement, tu me sembles tomber juste et parfaitement bien expliquer pourquoi les coms sur mon blog se limitent à d’interminables nonversations façon Godot avec Corto (ou Corto avec Godot, c’est pareil). Tu as plutôt bien exprimé la chose et c’est un vrai pas en avant conceptuel pour moi : c’est vrai, quand j’y songe, que mes billets sont « verrouillés » et que je fais questions et réponses (dans la vraie vie aussi, j’en ai bien peur). Rien que pour cette illumination, ça valait que tu commentes, justement, parce que ça me semble un point essentiel à creuser. Maintenant, j’espère quand même (fol que je suis) que mes « explications » peuvent, parfois, faire sens pour d’autres que moi, même si ce n’est qu’un sens de façade (quel sens a la garantie de ne pas être que façade, du reste ?).

    En ce qui concerne la citation, elle a un vrai sens, pour moi, même si je t’accorde de bonne grâce son caractère pompeux lequel définit plutôt bien ma manière d’écrire (entre pompe parodique et pompe naïvo-passionnée)… Note bien que j’ai parlé de « création » et pas de « création artistique », car je fais une non moins vraie différence entre les deux. Sur l’art, on se souviendra des débats houleux qui nous ont déchirés, Albertine et moi, sur la question, et je ne voudrais pas remettre le couvert, vu le temps que cela requiert. Pour simplifier/caricaturer, ma position est que l’Art n’existe pas, en ce sens qu’il n’est qu’un pur concept qui n’existe qu’aussi longtemps que le récepteur croit en son existence… Ce qui revient à poser qu’il ne saurait y avoir une seule définition de l’Art, mais autant qu’il y a de personnes qui s’intéressent à la chose. Soit : aucun absolu supérieur transcendant, mais une multiplicité d’interprétations (jubilatoire, par conséquent) du concept initial. Pour le pire, oui. Mais aussi souvent pour le meilleur. Après, évidemment, on pourra accorder plus de crédit aux visions justifiées par une « esthétique » raisonnée, mais de la même façon, des esthétiques, il peut y en avoir des dizaines, des centaines, des milliers (de la plus sérieuse à la plus rocambolesque), et c’est bien pour ça qu’avec le temps, un courant chasse l’autre. Pour reprendre l’exemple du sonnet, au cœur de la précédente polémique : on peut effectivement ne considérer comme poésie que ce qui résulte de l’application virtuose d’un certain nombre de codes classiques à la respectabilité avérée. C’est un point de vue, qui vaut en tant que tel. Mais on peut aussi en prendre le contrepied, comme l’on fait les poètes en prose ou même, pour convoquer un nom illustre, l’ami Mallarmé et son fameux « coup de dé ». C’est un autre point de vue. Et combien d’autres encore, par conséquent ? De mon point de vue, l’Art n’est passionnant, justement, que parce qu’il ouvre des infinis de perspectives, et il devient ennuyeux dès qu’il entend (volontairement ou non) réduire ces dernières. Mais je le répète, ce n’est que mon point de vue (et pour le justifier, je pose que quelqu’un qui a une maîtrise de son art est plus un ARTisan qu’un ARTiste, mais si raisonné soit-il, c’est un parti-pris. Comme tout le reste).

    Sur la création, maintenant, puisque je fais le distingo, je l’envisage (de mon point de vue, encore et toujours jusqu’à écœurement) comme un besoin, de l’ordre du viscéral, du « qui prend au tripes ». On peut, effectivement, créer pour le plaisir, pour l’exercice ou autre mais s’il n’y a pas d’enjeu personnel derrière (voire « dedans »), s’il n’y a pas « d’âme », alors oui, je verrais plus ça comme un loisir que comme un sacerdoce. Pour moi, et sans doute est-ce d’une profonde naïveté (mais j’assume), la création, on doit d’abord l’avoir « dans la peau », elle doit être là, tout le temps, même quand on ne crée pas, elle doit être « maître » et non « maîtrise », elle doit être « oxygène » et « étouffement ». Elle doit assumer sa part d’ombre, sa part aliénante, sa part de sublimation, plutôt que rester une icône idéalisée.

    Le paragraphe que tu as cité, traduit en langage humain, place l’émotion au centre de l’acte créatif (implicitement, du mien). C’est cette émotion, ces ressentis, cette persona que j’y qualifie de « musique ». Dès lors, chaque individu aurait son air propre, en fonction de qui il est et créer, ce serait chercher à sortir cette « musique » intérieure de soi sous forme de « sons » (écrits, chants, musiques, …), pour entrainer un écho dans la musique de l’autre (c’est-à-dire un écho émotionnel), ou plus prosaïquement : créer une passerelle émotionnelle entre soi et l’autre en donnant/transposant ce qu’on a d’intime et en allant chercher chez l’autre ce qui ressemble à cet intime pour, justement, créer ce lien, faire en sorte de « résonner » ensemble, d’accorder les airs ensemble. C’est tout le contraire de la volonté d’être soliste, au fond : c’est de cette intuition douloureuse de solitude intérieure que nait le besoin viscéral d’intégrer l’ « orchestre », mais sans pour autant sacrifier ce qu’on a d’unique… Il y a des gens qui n’ont pas besoin de la création pour ça, mais il y en a aussi pour qui c’est le seul et unique moyen d’y parvenir… Autisme de Haut Niveau, sans doute, mais qui a dit que je n’entrais pas dans cette catégorie ?

    Créer est une intuition pour moi parce que c’est d’abord quelque chose de senti avant de devenir quelque chose de pensé et que je ne me vois pas renoncer à cette manière d’appréhender les choses (même si je suis d’accord quant à la nécessité d’une vraie réflexion et d’une maîtrise minimale des outils de création. Ça n’exclue pas l’idée du long processus, j’en sais quelque chose. Douze ans que je suis sur mon fichu bouquin). Ça devient donc « douloureux » parce que ça oblige à « aller chercher en soi », et aussi parce que c’est « subi » plus que « voulu » (je suis conscient d’être ici en plein cliché de l’Emo-Bobo-torturé, mais suis-je à ça près ? !). Celui qui crée pour le plaisir a le choix de le faire ou de ne pas le faire. Mais de par ma maigre culture artistique, j’ai quand même acquis la pseudo-conviction qu’il existe des gens qui ne l’ont pas, ce choix, qui ne peuvent pas faire autrement que créer…

    Bien sûr, cela ne s’accorde pas aux définitions classiques, mais c’est comme ça que je le « pressens », et comme ça que j’entends le vivre. C’est très arrogant, sans doute, mais est-ce un domaine où on peut se permettre de ne pas l’être ?

    La définition du dico, si elle a le mérite d’être objective, peut potentiellement se louper en cela qu’elle occulte (presque « par définition ») la part essentielle de subjectif dans ledit art.

    Pour rebondir sur les choses qui me semblent justes dans tes lignes, effectivement, c’est très bien dit : je surfe. Je ne l’aurais pas aussi bien synthétisé moi-même, mais je m’y retrouve tout à fait. Sur quoi, je ne sais pas très bien. Parfois en haut de vague, parfois au creux… Est-ce que je me prends pour un génie pour autant ? Ici, les avis de mes proches divergeraient sans doute, considérant comme je peux tenir des discours d’une prétention d’anthologie. Mais au fond de moi, est-ce que j’y crois, à ces discours ? Sans doute que non, et que c’est pour ça que je les tiens. Me cantonnerai-je à écumer les domaines taxés de sous-culture si je me prenais véritablement au sérieux ? Est-ce que je me gaverais de mangas et de jeux vidéos ? Ou est-ce que je me limiterais à ça ? ! Une haute estime de soi implique qu’on se construise un monde à l’image de cette estime, et non à l’opposé.

    En fait, pour dire les choses de manière un peu abrupte, la question du « génie » ne m’intéresse pas. Je n’aspire pas à en être un, parce que ça ne changerait rien à mon quotidien, ni à mon existence, je resterai le même « moi », avec ou sans épithète, alors partant de ce principe, je n’aspire plus qu’à faire ce qui a sens, pour moi, de le faire de la manière qui a du sens à mes yeux et ce, le mieux possible, non pour les lauriers auxquels me prédestinait mon prénom mais parce que quitte à faire quelque chose, autant le faire au mieux. J’ai mon univers, j’y navigue bon gré mal gré et je cherche le partager avec celles et ceux qui seraient susceptibles de s’y sentir bien, sans vouloir l’imposer aux autres ni avoir ma statue dans la cour des facs de Lettres où je suis passé (j’étais plus dans la cour que dans les cours, ha ha). De la même façon, même si je lis régulièrement Cloudy Days (et je ne suis pas le seul, d’ailleurs. Corto en est un autre, même s’il refusera toujours de l’admettre. C’est même lui qui m’e-mailise, souvent, pour me dire qu’il y a de la nouveauté ici) (tout un mythe qui s’effondre), je ne trouve pas de points d’encrage parce que ce n’est pas mon univers, parce qu’il n’y a pas de passerelles (ou trop peu) possibles entre le tien et le mien (ce qui devrait te rassurer, d’ailleurs). Il me semblait donc que la réciproque était inévitable. Mais même si j’en vois, je pense, les limites de manière assez lucide, je l’aime beaucoup, ce monde régressif dans lequel j’évolue. Parce qu’il me rassure, oui, sans doute. Parce qu’il me ressemble, j’imagine, aussi. Parce que je dois être quelqu’un de profondément immature, au fond. Peut-être parce qu’il est subversif à sa manière bien à lui. Peut-être qu’il est aussi « révolte », « engagement », « esthétique ».

    Peut-être, oui, qu’on ne peut donner dans la création artistique sans connaître les maîtres ni avoir une solide culture… Mais pour ce qui est de « créer tout court », je VEUX croire que cette connaissance n’est pas nécessaire, voire potentiellement sclérosante, dans le sens où qu’on le veuille ou non, si elle ouvre des horizons, elle en réduit aussi sensiblement le nombre. Certes, cela revient à prôner le « faire n’importe quoi n’importe comment » et, effectivement, à partir dans tous les sens, à gaspiller son énergie sans la canaliser (là aussi, je me reconnais plutôt bien) avec juste une chance infinitésimale d’arriver un jour quelque part, en terme de production comme en terme de reconnaissance. Mais c’est un voyage malgré tout qui, comme tout voyage, vaut autant pour le voyage lui-même que pour sa destination. Mais je le répète, ce n’est que ma conception des choses, mon « chemin », et je ne cherche pas à l’imposer ou à en faire « le seul et unique » qui vaille, loin s’en faut. Pour moi, créer, c’est ça : debout devant un désert de dunes de sables à perte de vue, choisir une direction au hasard et tracer une voie où il n’y en avait pas, jusqu’à présent, quitte à ce qu’elle ne mène nulle part, ou à la perte de celui qui l’emprunte, ou encore à ce que le vent l’efface derrière nous… Il me faut absolument cet inconnu qui manque tant à nos cartes modernes : un territoire métaphorique aux frontières mal définies, avec des mystères au-delà de chaque colline et des dragons en bords de monde. C’est ma manière à moi de marcher debout, elle est sans doute ridicule, mais sans doute que je le suis tout autant. Après tout, je suis humain. Comment ne pas l’être, dès lors, ridicule ? !

    J’ai passé l’âge des enfantillages mais justement, peut-être assez pour comprendre que tout ce qui est humain n’est jamais qu’enfantillages, à un degré ou à un autre. Pour moi, c’est le monde humain tout entier qui est plat « comme une page de manga ». Alors je prends lesdits mangas, qui me garantissent de ne jamais vraiment me prendre au sérieux, qui me rappellent le caractère ridicule de ma condition, je sors mon tamis et j’y cherche pépites et poudre d’or… Voire de l’espoir, qui sait. Avec, encore, la conviction que ce ne sont pas les médias qui sont « mauvais » ou « bons » en eux-mêmes, mais l’utilisation que l’on en fait et que dès lors, on peut partir à l’aventure, inventer ce qui pourrait être le « bon manga », le « manga noble », le « manga d’art », et ainsi de suite pour la SF (voir Bradbury ou les derniers K. Dick), la Fantasy, le jeu vidéo, etc, etc… Une matière première à modeler, à rendre noble, à « améliorer ». Un voyage ingrat, mais fascinant. Mille millions de perspectives… Alors pourquoi pas ?

    Mais je le répète, ce n’est là qu’une réaction à chaud et TOUS tes mots feront leur petit bonhomme de chemin dans ma caboche.

    Merci encore pour cette matière à réflexion (au sens miroir du terme)!

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  13. Merci pour cette réponse L.. Je vais la relire encore plus attentivement que je ne viens de le faire et je te répondrai sur quelques points. En fin de compte tu vas peut-être t'apercevoir que je partage pas mal des tes conceptions, bien que je ne suis pas totalement d'accord avec toi. En tout cas, tu me donnes l'occasion de repenser à ces histoires qui concerne la création et particulièrement la création artistique. Evidemment, discuter de ce genre de choses, c'est s'attaquer à une discussion interminable, mais comme ça demande un minimum de réflexion et que j'aime assez ce genre de jeu - même si je n'aime pas systématiquement torturer mes neurones - je te répondrai bientôt. Il faut seulement que je me remette dans le bain.
    Passe une bonne soirée L. et hasta luego.

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  14. @L.: Je ne t'ai pas oublié, mais les circonstances ont fait que je n'ai pas eu bcp à me consacrer à la critique de l'art. Je me contente encore pour le moment de te donner du grain à moudre en lisant le passage suivant:
    "On peut dire alors que la critique d’art va devenir un genre autonome sous l’influence de trois facteurs : en premier lieu, l’indépendance des cités, fières de leurs traditons et de leurs cultures, va inciter les chroniqueurs à vanter les mérites des artistes locaux. C’est donc par l’effet d’un certain nationalisme, ou du moins d’un orgueil civique, que certains artistes ou certaines œuvres font faire l’objet de commentaires et d’éloges de plus en plus approfondis. Déjà au MA les guides pour les pélerins, origines de nos actuels guides touristiques, vantaient les mirabilia des villes d’accueil et dénombraient les hauts lieux de chacune des cités qui se trouvaient sur le chemin du pélerinage, hauts lieux il est vrai surtout religieux et fort peu artistiques. En second lieu, les rivalités qui opposent les artistes entre eux dans la course au mécénat princier vont les conduire à mieux définir les mérites propres de leurs arts, et à les distinguer de ceux des autres ; en outre, cette recherche d’une reconnaissance sociale va conduire les Beaux-Arts à se distinguer des arts mécaniques, où ils se trouvaient cantonnés au MA, l’artiste étant alors assimilé à l’artisan. En troisième et dernier lieu, la censure de l’Église, après une période de tolérance, va conduire à une définition plus rigoureuse des règles de l’art, et à préciser les limites du convenable et de l’inconvenant dans les arts. C’est cette mise à l’Index des œuvres jugées offensantes pour la moralité, ou pour la religion, qui conduira à l’établissement de normes ou règles canoniques, qui se révéleront vite contraignantes, dans les Académies du XVIIe siècle.
    La fierté civique conduit donc en premier lieu les cités à prononcer l’éloge des plus dignes de leurs fils et, parmi eux, des artistes. L’éloge prend alors la forme d’une biographie, qui tend à faire de l’artiste un véritable héros national. C’est là l’origine d’un genre qui se prolonge jusqu’à nos jours, et qui cherche l’explication de l’œuvre dans l’aventure personnelle de sa production. Une telle démarche est, sinon romantique, du moins épique, et tend à transformer l’artiste créateur en un héros valeureux qui ne réussit sa prouesse, à l’image du chevalier des romans courtois, qu’en triomphant de nombreux obstacles. Certaines « vies passionnées de Vincent van Gogh » continuent aujourd’hui cette même veine."

    C'est un extrait d'un article de Jacques Darriulat, qui devrait certainement t'intéresser.

    Joyeuses Pâques!

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